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C'est toujours plus vert ailleurs.

2 janvier 2011

BILAN

Chers petits enfants,

   Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, les étudiants ne vivent pas vraiment au rythme du calendrier grégorien, mais plutôt à celui des semestres universitaires, et des vacances d'été de plusieurs mois. Du coup, maintenant que les fêtes sont terminées, et que mon frère vient de repartir pour Poitiers, me laissant désormais seule avec mon paternel, je profite d'un de ces dimanche rochelais mornes, ternes et chiants pour réfléchir au bilan de ces six derniers mois.
   L'année 2010 fut une descente progressive en enfer, disons-le franchement. Il y a un an, je venais de célébrer mes 4 premiers mois passés au pays des Angles, je partageais la maison avec une allemande exceptionnelle, je découvrais encore les joies de l'enseignement et de la vie dans le nord, je picolais allègrement avec l'énergie d'une jeune adolescente à la recherche de sensations fortes, bref, c'était encore l'insouciance de la jeunesse, avec toutefois la crainte de voir ces beaux jours disparaître aussi rapidement qu'ils n'étaient apparus.
    Par la suite, le printemps pointait le bout de son nez, et j'en profitais pour gambader à droite et à gauche en compagnie de quelques assistants venus de différents pays d'Europe. Villes d'Angleterre, Pays de Galles, Ecosse, tout y passait, avec à chaque fois la promesse de nouveaux souvenirs mémorables à garder précieusement dans un coin de son hippocampe. Bref, mon système limbique bandait 24 heures sur 24. Pendant 5 mois, j'ai enchainé les rencontres improbables, douteuses, les breuvages, les lendemains qui piquent, des expériences que je n'aurais jamais essayées en temps normal, surtout à Hell Air, ville aux perspectives trrrrrrrrrrrrès (ou du moins trop, maintenant que j'ai légèrement épuisé le sujet) limitées. Après tout ça, mon premier contrat s'est achevé, puis vint le temps des adieux, choses que je maîtrise fort mal. Ma coloc a repris le train, me laissant seule et désemparée sur un quai de gare pourri, puis je pris le mien, direction France, avec son gros lot de souvenirs, et heureusement, son plus petit lot de personnes auxquelles je suis attachée.
   L'été sur Hell Air ... mmmhhh, si vous n'êtes pas un gros hippie en sarouel (le pantalon-chiage-dans-son-froc) ou un féru des grandes foules en tongs (aussi appelées communément claquettes, savates ou bien gougounes) adoptant le look Lafuma Touch et des festivals de musique foireux (spéciale cassdédi aux Francofolies merdissimales), laissez-moi vous dire que vous avez de grandes chances d'y laisser des plumes et de vous faire chier comme jamais ! ... sans parler du sentiment d'oppression et de fatigue qui résulte de tout ce merdier. Bref, ajoutez à cela un été d'engueulades avec mon paternel, la promesse grandissante d'une guerre entre mes parents qui divorcent, la présence plus qu'absente de mon bien aimé frangin et la perspective de voir mes amis s'envoler pour l'autre bout du monde, et vous voyez grosso modo le genre d'été qui tache qu'a été l'été 2010. Heureusement, je pouvais toujours me réfugier chez quelques amis tout aussi esseulés et perturbés par le soleil d'Août. Puis il y a eu mon renouvellement de contrat dans mon école adorée. J'ai donc repris l'avion, et hop, retour en Angleterre.
   Les débuts furent difficiles, décevants sur bien des points, et assez lents. J'ai mis du temps à m'adapter à l'absence de ces visages si familiers, puis j'ai appris à apprécier ma nouvelle coloc, différente, étrange mais tout de même agréable et relativement adaptée à mon tempérament. Je finis par tomber les griffes et me dire qu'il s'agit juste de quelque chose de différent. Le boulot me plait toujours, c'est déjà ça, alors j'envisage de postuler pour l'université afin de devenir professeur de langues. Les mois passent, je les passe à faire du sport, à faire connaissance avec les nouveaux assistants -bouffeurs d'ail et teutons pour la plupart, comme vous le savez-, à être surprise par certaines personnes, à être déçue par d'autres. Le froid pénétrant de l'hiver me paralyse, me brûle la peau et me file une pneumonie suivie d'une bronchite à vous en éclater les sinus et les poumons. Je tousse du sang, mon nez produit des litrons de mucus, je sue, je délire, je déprime, je repars passer les fêtes de Noël, et c'est là qu'on en arrive à la situation actuelle.


   Arrivée à Londres, je reste bloquée cinq jours à l'aéroport ; la maladie n'arrangeant pas les choses, je chiale, je tousse, je piétine et je finis par me dire que je voudrais bien rentrer chez moi, dans cette Rochelle qui me fait tant chier. Lors de mes nuits passées dans et aux alentours de l'aéroport, je pense à mon chat, mes petits camarades (oui oui), ma famille, je stresse, je m'isole ou bien je gueule sur ces cons de chez Easyjet. Je finis par connaître Gatwick comme s'il s'agissait d'une résidence secondaire ; les chiottes deviennent ma salle de bain, le terminal sud mon salon où j'y rencontre d'autres expatriés, bref, un vrai bordel jusqu'à ce que mon troisième vol finisse par m'emmener jusqu'à Bordeaux. Bordeaux, train, Hell Air, ma mère, mon père, mon chat, ma chambre remplie de cartons annonçant la fin de notre vie dans la maison, la fin de l'enfance, le début de mon statut "d'enfant de passage". Heureusement, je revois Romain, David, Marjolaine, son Breton Nicolas, j'aperçois d'autres têtes familières assises à la terrasse des cafés mais je me tiens à distance, par peur, par flemme. Je passe la plupart des vacances fourrée avec mon frère, puis nous partons dans les Landes, où j'y retrouve ma forêt de pins, ma famille, des quantités effarantes d'alcools en tous genres. Quinze jours, ça passe vite, mais j'en ai bien profité. Je songe à l'avenir, je songe à cet avenir plus qu'incertain en Angleterre, à mon refus de devoir choisir un boulot pour les cinq prochaines années. Je suis trop jeune, je suis encore une enfant, je ne veux pas m'enchainer à ce genre de contraintes, je veux rester étudiante, statut qui me permet de prolonger cette jeunesse fuyante, incertaine, bordélique. Je me prends à rêver d'un quotidien fait d'université, d'un appartement rien qu'à moi pour une fois, à mon chat sur mon lit, à mon mobilier d'étudiante pauvre, éphémère, comme tout le reste, et au potentiel énorme que cet endroit si personnel pourrait avoir. Cette sensation de ne plus avoir sa place nulle part me pourrit un peu les fêtes. Je repars dans trois jours pour Gatwick, et je me dis que j'aurais bien apprécié une semaine supplémentaire, histoire de revoir davantage mes amis proches et ma famille ... étrange. La prochaine fois, il y aura un ami en moins dans les environs, ma maison ne sera plus mienne, tout ce que je connaissais depuis 15 ans aura disparu.
   Ca y est, j'y suis : ce gouffre, cette absence de répère, cette grande décision à prendre qui affectera les deux prochaines années. Putain. Et merde. Je sais que ça se passera bien, mais quite à savoir que ma vie sur Hell Air se casse la gueule, j'aurais voulu y assister en première loge, et non pas suivre ça à distance, par le biais d'écrans interposés.

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8 décembre 2010

Spleen hivernal ... ?

   Outre la maladie qui s'est emparée de mon petit corps fragile (et des monstruosités colorées qui sortent de mon nez et de mes bronches tant qu'on y est ... comment ça je suis répugnante ?), je dirais que l'hiver commence à me les briser menues. Passons le fait que le mois de décembre n'est généralement pas très chaud, qu'il faut se couvrir et j'en passe : je précise que je me couche généralement avec une couette, un duvet polaire, une couverture en laine, des gants et un bonnet. -8°C au coucher, -12°C la nuit, idem au réveil, bref, la vue de ma fenêtre ressemble à une carte postale, le temps semble s'être arrêté, la nature crève peu à peu sous une épaisse couche de neige mit glace, tout comme moi d'ailleurs. Le chien des voisins me réveille chaque matin en hurlant à la mort, le boulot s'accumule et ma détermination concernant l'université en Angleterre semble foutre le camp au galop. Je vais me bouger, si si, je vous jure. Je souffre juste de l'habituel spleen hivernal. De plus, on peut dire que 2010 aura été une année riche en rebondissements mes petits agneaux, dont je dois organiser 2011. Mon chat a son passeport, c'est déjà ça.

   Bon. En ce qui concerne les vacances de Noël, je pars pour Londres Gatwick le 16, puis je prendrai l'avion pour Düsseldorf. Ensuite, je prendrai le train pour Opladen où une potesse allemande m'hébergera. On partira sur Heidelberg en bagnole le 18. Le 21, je reprendrai le train pour Frankfurt am Main, et enfin, j'arriverai à Paris Est. Métro, et hop, Montparnasse Bienvenue, et hopeula, mes pieds fouleront le sol Hell Airien vers 21h30. Maravilloso. A bientôt.

18 novembre 2010

Bring on the night

   Novembre. Le temps est abominable. La lumière se fait rare, les jours se font plus courts : on part bosser dans le noir, dans un brouillard incroyablement épais, irréel, que l'on ne voit que dans les vieux films, puis on passe la journée sous la pluie et le vent glacé ; journée qui s'achève vers quatre heures de l'après midi dans une nouvelle vague de brouillard. Je passe mon temps perchée sur mon lit, à côté de la fenêtre, en regardant Chapter Meadows et les quelques renards qui s'y promènent furtivement. Parfois, je pousse le vice jusqu'à boire du café bien serré, le genre de chose qu'il m'est impossible de trouver dans ce foutu pays, et qui, accessoirement, entretient bien le manque de sommeil qui caractérise de mois-ci.

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(gros brouillard à 2h de l'aprem, puis euh ... peluche de mauvais goût qui me tient compagnie, une énième vue de ma fenêtre, et enfin, un aperçu de la mode anglaise pour les mariages.)

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(les machocombos à Birmingham car ces gars-là se reproduisent plus vite que les pigeons, un aperçu de Birmingham en heure "creuse", ma coloc en train de jouer aux pompiers à Kidderminster, et enfin la gare de Kidderminster.)

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(la teucha de la gare de Kidderminster qui a subi nos attouchements pendant une bonne demie heure, mon pied devant le Bonfire - feu de 15 mètres de diamètre avec des flammes de 4 - 6 mètres de haut qui tiennent chaud -, un meerkat géant en paille au milieu des champs, un porc sauvage qui me hait avec plein de piercings partout)

   Pour contrer cette paralysie et cette flemme hivernale, il reste le sport, les bars et les concerts. J'ai mentionné un "visage familier" dans le train en direction de Birmingham il y a quelques semaines : il se trouve qu'il s'agit d'un professeur français de langues étrangères avec qui j'avais parlé l'an dernier. En plus d'avoir un visage plutôt agréable à regarder, il se trouve que le bonhomme est plutôt sympathique et nous emmène la semaine prochaine à Scruffy Murphy's (bar à concerts parait-il) à Birmingham. D'ailleurs, la cuvée des nouveaux assistants est elle aussi plutôt intéressante : une dizaine de français, une dizaine d'allemands et deux autrichiens, un finlandais, un espagnol, deux chinois et je ne sais plus qui d'autre.

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(brouillard, les assistants, brouillard, deux assistantes allemandes, le prof sympa, et je ne sais pas qui.)

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(le prof, deux inconnues, et le finlandais, puis les courses équestres, moi en "française" ..., et un MMMIAMécureuil ... avec une énorme queue !)

   Et le sport. Mmmhhh, environ six heures par semaine, dont du badminton, de la gym pure et dure, de la zumba, et des machines bizarres, haltères et tout le merdier. Je vois déjà vos gueules s'allonger mes chers petits, mais voilà, il se trouve que ce machin ferme à onze heures du soir, donc nous ne sommes qu'une vingtaine à suer avec nos mp3 sur les oreilles donc cela rend les choses totalement vivables.

   Et le site, alors ... Bah écoutez, j'y travaille, je suis en plein merdier avec le html, le css et tout le tralala, et les lignes de codes, et bien ça ne s'écrit pas tout seul. Patience mes agneaux, patience ! Ceci dit, je vous montre le brouillon que j'ai pondu mercredi dernier, tandis que trois des mes petits brigands britons travaillaient sur leur coursework : troisième photo, titre caché, catégories également car je voudrais conserver la surprise. Bref. Voilà.

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(façade de l'usine Cadbury, ma plante de l'an dernier qui est miraculeusement en vie, et mon chinois. Sisi.)

15 novembre 2010

Groupe de poneys.



Et voilà pour commencer la semaine. Lancement du site dans les trois prochains jours. A plus tard mes enfants. Et euh ... mmhhh, je me lance ... vous me manquez les kikis.

5 novembre 2010

ON MIGRE.

Ah oui, au fait, le site va bientôt changer, et migrer vers une autre plateforme, hein, parce que la pub d'Analblog, hein, bon, bah ...

Et comme prévu, il devrait y avoir une sorte de forum un peu bizarre, je vais voir ce que je concocter avec ma pote ingénieure informatique, tiens, ça va être mignon.

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4 novembre 2010

L'art de faire chier.

Voilà. J'ai l'approbation des proches pour ce qui est de rester sur W. J'ai déjà trouvé un stage, peut-être même un logement, j'ai des "amis", j'ai la possibilité de travailler le week end dans ce bar qui me rappelle un peu Rennes. J'ai à peu près tout ce que je cherche, et je fais un blocage sur "et si je passais à côté de quelque chose de bien en France, hein ?". Et si j'étais en train de foirer quelque chose d'encore mieux ?

Le problème de parler une langue qui n'est pas la vôtre dans un pays qui n'est pas le vôtre non plus, c'est que les discussions s'attardent sur le futile. Ou du moins c'est l'impression que ça donne. Les gens s'intéressent à ce que je fous ici, si j'apprécie l'endroit, si j'aime mon boulot, on parle français autour de pintes, on parle allemand, parfois même un peu chinois, et quelque part, c'est assez plaisant de vivre dans une sorte de monde à la Erasmus. Sauf que parfois, la saleté de Hell Air me manque. La saleté de Hell Air et de toutes ces villes par lesquelles je suis passée avant d'atterrir ici. Je suis toujours dans cette phase du travestissement, afin de coller aux critères qui font de moi un professeur présentable, le genre de professeur que les gamins et leurs parents apprécient. J'ai parfois l'impression d'être un pingouin en tailleur qui tente de s'incruster parmi les autres empereurs. "Le tabac c'est mal, l'alcool aussi", c'est pour ça que je joue la demoiselle modèle entre neuf heures du matin et quinze heures de l'après midi. Le soir, je vais dans ces clubs de sport afin de suer comme un boeuf en compagnie d'une centaine d'autres personnes jouant le même petit jeu, et le week end, c'est à peu près le même scénario, sauf que j'ai l'air d'une pute des années 80. "Vomit-free since 2008". On grandit tous, c'est un fait, mais je crois que je me referais bien une tranche de crise d'adolescence. C'est frustrant d'avoir vingt deux ans et d'être à peu près heureuse (même si je crois que je n'ai jamais vraiment su en quoi ça consistait), sur le point d'entamer sa vie professionnelle, et de piler net lorsqu'il s'agit de franchir le pas.
Je n'arrive pas à me contenter d'un joli petit travail, d'une routine bien installée, d'un quotidien terne et chiant, même si j'adore enseigner. J'ai juste peur d'être déçue, et de m'en lasser très rapidement et de vouloir partir aussitôt. C'était plus simple lorsque j'avais seize ou dix-sept ans. Je passais mes journées avec Marie, à écouter NIN dans son mp3, en étant allongée dans l'herbe des parcs entre deux cours, près du Rio Merda, parlant de diverses choses, sans trop vraiment se soucier du reste. Et le soir, on se détruisait le foie en chanson avec Bonnie, à l'aide de vodka frelatée et de bière tiède en attendant l'aube, puis le moment de rentrer chez soi, empestant le tabac froid, en repensant à tous ces foutus actes manqués, ou parfois même, tout simplement ratés.

C'est moche d'être grand.

1 novembre 2010

Exhibitionnisme subi.

   Encore une partie de mon innocence qui s'en va, grâce à mon étrange et envahissante colocataire. Jamais je n'aurais cru ça possible, surtout venant d'elle.

   Je venais de passer deux heures à courir, à ramer, à muscler, à suer, à rentabiliser les écus dépensés pour financer cet abonnement, lorsque soudain, tandis que je me changeais, voilà que cette bougresse teutonne a ôté la totalité de ses fripes et est venue agiter ses loches et l'immensité de son derrière sous mon nez. Ou plutôt à trois mètres de moi, mais sachez que les éclairages crus des vestiaires permettent parfois d'entrevoir plus de détails que vous ne l'auriez souhaité. Qu'importe, l'heure est grave : voilà que cette morue m'annonce qu'elle a oublié son soutien baloches, et du coup, s'affaire avec ses chaussures (seins non soutenus, penchée en avant, quelques mouvements de secousse, bref, vous imaginez la scène, on est loin de l'érotisme de la scène présentant Holly Hunter se déshabillant devant Harvey Keitel - fin de la parenthèse) au lieu de cacher ses machins. Et puis la voilà qui se redresse et s'en va, cul nu, vers la douche. Et pensez-vous qu'elle trotterait en vitesse ? Que nenni messieurs dames, cette grognasse y va lentement, et s'arrête même à mi chemin pour rattraper son savon. Bref. La bougresse prend sa douche. Imaginez l'état de choc dans lequel je me trouvais à cet instant. Je suis restée le cul sur le banc, en fixant le vide. Trop de détails d'un coup. C'était une embuscade. La guenon sort de sa douche et vient ré-agiter ses trucs et la totalité de sa personne en face de moi (inutile de précise qu'à cet instant, jamais je n'aurais cru mes clés de maison aussi fascinantes), tout en me parlant de sa journée. Elle finit par ramasser ses frusques, et en route.




   Inutile de dire que j'ai été choquée. Le problème, c'est que cette POUFIASSE recommence constamment, tout en innovant de temps à autres. Par exemple, hier, j'ai eu le droit au même spectacle, mais à trente centimètres de mon visage. Au même moment, une femme un peu plus âgée est entrée, et je ne vous dis pas le temps d'arrêt avant de se décider à ouvrir son casier qui se situait entre moi-même et la nudiste de type androïde qui partage ma maison. J'ai même essayé de relativiser, car après tout, au fond, certaines personnes diraient "qu'après tout, nous sommes tous pareils" et que "les vestiaires de sport, c'est toujours un peu comme ça", mais voilà, j'ai grandi avec une mère pudique et deux hommes dans la famille, et personne ne se ballade à poil. Point. Et comme certains de vous le savent déjà, je dois passer par le stade "j'arrive à t'imaginer en train de déféquer" avant toute chose, afin de pouvoir faire confiance à quelqu'un. Alors la fouf' à l'air, MERDE.

   Bref, je sens qu'une partie de mon innocence et de ma joie de vivre (ahahahahhahahaha) s'est fait la malle. Et ça risque de durer.

26 octobre 2010

Tout fout le camp.

Notes du 25 octobre 2010.

   Me revoilà à Birmingham, dans un contexte différent cette fois. Nous revenons de la fabrique Cadbury et de 5 heures de marche, et les deux allemandes sont assises quelque part au premier étage d'un fast food dégueulasse à la sortie de New Street. Je suis d'une humeur de merde, j'ai des ampoules monstrueuses et je me casserais volontiers par le prochain train, sans prévenir ces deux gonzesses insupportables et molles. Je suis donc à l'écart, c'est à dire dehors.

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   Je sais que certains de mes proches savent déjà à quel point j'aime Birmingham. Cela dit, c'est difficile d'expliquer précisément pourquoi. Il vous suffit d'imaginer un mélange de Paris, de Londres et de Glasgow en plus industriel, et plus animé la nuit. Je n'ai jamais vu Birmingham autrement que sous la pluie, dans le froid, et surpeuplée. Je suis adossée contre une barrière à la sortie de la gare centre, et m'efforce de supporter les bousculades de ces connards de passants. A ma gauche, des adolescents bruyants que l'on voudrait frapper. A ma droite, une mère qui fume et balance - intentionnellement ? - ses cendres dans la poussette de sa gamine, qui s'éclate avec un camion musical. Le genre de jouet qu'il faut secouer pour déclencher une musique insupportable en format midi. Je défoncerais bien le joujou en question, pour voir. Devant moi, un camion des ambulances en feux de recul, deux ou trois flics de mauvaise humeur, et des dizaines de passants à la seconde. Mes yeux s'attardent sur ces mégots qui tombent au sol, sur ces poignées de mains formelles -mais la plupart du temps amicales-, ces rires, ce fast food dégueulasse qui empeste la friture froide, sans oublier le son de la pluie, éternel et réconfortant au milieu de ce foutoir et de ce chaos olfactif.
 

   C'est une journée dégueulasse, qui me ferait presque pleurer. Je n'arrive pas à me concentrer sur ce dont j'ai besoin ces temps-ci, alors je pédale dans le vide et je m'acharne sur tout ce qui pourrait m'être utile. Wahe me dit de laisser tomber, d'apprendre à tourner la page et de reprendre le dessus. Elle me sort quelque chose du genre "et puis merde, trouve-toi quelqu'un". Elle me balance même qu'il faut que je fonce sans réfléchir, que je fasse enfin ce que j'ai envie de faire et que j'arrête de m'inquiéter pour des cons qui n'en valent pas la peine. Ces choses semblent si simples quand je l'écoute. Bref, je m'assois sur cette barrière, au milieu de la foule, légèrement en hauteur, et me concentre sur l'essentiel. Mercredi, j'ai rendez-vous avec l'université, afin de concrétiser les choses pour l'an prochain. Ce qui se passe dans les environs de mon estomac ressemble à de la peur, mêlée à de la culpabilité. Tous ces facteurs à prendre en compte m'empêchent d'y voir clair, alors je prends des décisions sans trop réfléchir. Jusqu'à présent, ça semble être les bonnes. Si l'on suit le plan, je m'installe en Angleterre d'ici l'été prochain, avec Bacchus (raison de culpabiliser), ce qui veut dire que je laisse ma mère (encore une raison), mon père (bizarrement, nouvelle raison), mon frère (évidemment, autre raison), les coupains (bah oui, grosse raison), mes grands parents (idem, puisqu'ils ne sont plus éternels. Cela aurait été bien plus facile s'ils n'avaient pas décidé d'être gentils, prévenants et sentimentaux il y a quatre ans. Merci les mecs, vous rendez la chose plus difficile encore), et même le reste : mais putain, ce n'est pas possible de s'en faire pour tout et tout le monde, et ce, même lorsque cela n'a plus lieu d'être bordel !

   Alors je descends de ma barrière, et je prends le train ...

   Ou bien alors je monte, je m'assois et j'attends que l'une des allemandes prenne son avion, gentiment, sans broncher, en ignorant les éclats de rires, l'odeur de friture froide, les mégots, le froid, la pluie, ma culpabilité et mon insupportable bonté.

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   J'hésite ...

   Je crois que mon abnégation me perd. Mais c'est pour le bien de tous.


   En attendant, je fais des efforts, parfois surhumains, surtout lorsqu'il s'agit de brosser les traces de merde de ma coloc dans la cuvette le matin. Parfois, je vais même jusqu'à rendre service et faire des courses pour d'autres personnes, et je conseille une collègue sur la façon dont elle gère sa relation avec sa fille en crise d'adolescence. Que voulez-vous ...


21 octobre 2010

A pattes de Velours.

Vendredi 15 Octobre 2010 :
   
   Ka. et moi nous dirigeons vers Foregate en parlant de ses premières impressions sur le travail fait au collège. Elle parle peu, elle est encore dans cette douce phase de doute, d'hésitation sur chaque mot qu'elle utilise. Je l'écoute d'une oreille, ma deuxième étant concentrée sur le bruits que font mes nouvelles chaussures de gonzesses ; ce genre de bottes à talons que je n'aurais jamais portées il y a quelques années. Mes pieds me font mal, et je sens déjà une ampoule se former sur mon petit orteil, mais qu'importe : je suis habillée en véritable gonzesse, le tout dans mon manteau rouge irradié. C'est étrange de porter des couleurs. Cet été, je me suis naturellement rabattue sur le noir, comme d'habitude. De retour en Angleterre, et me voilà en proie à ces tourments qui me manquaient tant : converses, rangeos ou bottes de pouffe ? Jeans bleus ou noirs ? Tee shirt noir, bleu, rouge, blanc, vert ?

   Ce soir, je me force à la couleur avec ce manteau en velours rouge, mais le reste sera noir.

   A la gare, je retrouve cette sensation familière : autour de nous, l'excitation générale des gens entamant leur weekend, impatients de rentrer chez eux, de retrouver le chaos de Birmingham. Birmingham l'industrielle, la bruyante, la dégueulasse, l'aléatoire, l'imprévisible, l'immense. Les portes du train s'ouvrent, et les femmes s'y engouffrent en gloussant, vêtues telles de véritable péripatéticiennes, en parlant de leur semaine passée sur W. Plus une place assise, mais qu'importe. Ka. prend un siège réservé aux handicapés, et je reste debout. Au loin, j'aperçois ce type au visage familier, agréable à regarder. Je me concentre sur la musique et tente de m'occuper pendant le trajet.

   New Street. Heure de pointe. Les quais sont plus surpeuplés que ceux de Montparnasse un vendredi soir, des ados "cools" font mumuse avec leurs vélos argentés, étincelants. Nous prenons la direction de la sortie. Dehors, il pleut. Sourire. Birmingham sous la pluie, comme toujours. Nous partons vers le Bullring, que Ka. n'a jamais vu auparavant, ce qui la fascine, elle qui n'a jamais vu de grande ville auparavant. Je fais deux-trois folies au magasin Disney, puis nous nous en retournons vers la gare en vue d'y retrouver deux autres expatriés.

   Une demie plus tard, les voilà. Un français et une allemande. Le français est un genre de gothique qui se veut classe, mais qui sent le hippie. Ca m'amuse. L'allemande me rappelle quelqu'un, ou plutôt une couverture de livre, mais je ne sais plus laquelle. Nous marchons à la recherche d'un type venu d'Autriche. Une fois réunis, nous allons vers un bar étrange nommé The Victoria. Endroit familier. J'ai dû y passer l'an dernier avec Sandra. A l'étage, le bar est encore fermé, mais nous y trouvons une table suffisamment grande pour nous tous. La soirée passe. L'autrichien - qui a des allures de mormons mais qui s'avère être un type formidable - s'en va. Nous décidons de prendre le train pour repartir sur W. et y finir la nuit, ce qui prend plus de temps que prévu puisque le "hipp-othique" s'engueule avec le contrôleur.

   W., Friar Street. Les femmes ne marchent plus droits, et sont suivies par des hommes tous plus avinés les uns que les autres. Des éclats de rire puissants, une bagarre au loin, sans parler des couples étranges et des tenues improbables qui agressent mes yeux fragiles. Je propose à l'allemande et au français de rester avec nous, et leur offre ma chambre en guise de repli éventuel.

   Velvet L. Cela faisait si longtemps. La musique est à chier, comme elle l'est tous les soirs avant une heure du matin. La cave est déserte, ce qui nous permet de faire les marioles pendant une demie heure, tout en buvant du Sailor Jerry autour d'une table collante et à moitié brûlée. Une heure plus tard, le sous sol est enfumé, il fait trop chaud et le doux parfum des effluves corporelles se mêle à un somptueux parfum de merde et d'alcool. Le sol colle et les murs sont moites. Le Hippie qui se Renie s'amuse à m'emmerder, et nous finissons par nous envoyer mutuellement valser à terre. Retour à l'enfance.

   Je suis saoûle et tente d'entamer une conversation sérieuse sur les avantages et inconvénients de vivre en France avec un parfait inconnu qui ne sait même plus comment allumer sa cigarette. Tout va bien. La nuit passe, les gestes se font de plus en plus maladroits, les conversations de plus en plus "philosophiques" et aléatoires. Je respire cet air glacé, j'inspire à pleins poumons, et je réalise à quel point je suis heureuse d'être de retour. Malgré les proches qui manquent. C'est un processus d'oubli comme un autre. Processus qu'il m'est difficile d'accepter, voilà tout.

   A l'aube, nous rentrons. Le Hippie et sa coloc allemande débarquent dans ma chambre qui empeste l'oignon. Ils parlent fort et font tout tomber. Je ris à mon tour en réalisant le ridicule de la situation : on dirait des gosses qui auraient fait le mur et qui ont peur de se faire engueuler par les parents. Des enfants de 21-24 ans. Merle se change et se faufile dans mon lit en tripotant mon Némo en peluche. Le Hippie me parle tout en se déshabillant, ce qui me surprend un peu. Je peux compter ses côtes en quelques secondes. Je lui gonfle un matelas, lui jette deux ou trois couvertures sur le dos et lui souhaite une bonne nuit. Merle m'apprend de l'allemand tandis que je lui apprends du français. Elle finit par me sortir un "Je voudrais que tu me baises", ce qui me fait pousser un dernier éclat de rire épuisé avant de me laisser emporter par les bras de Morphée.

5 octobre 2010

Les Nouvelles du bord.

C'est officiel. Cet hiver se fera en Allemagne. Je prendrai logiquement l'avion le 16 décembre, puis le train jusqu'à Heidelberg où je retrouverai Sandra, Céline, Wahehe, Ion et probablement notre très germanique Denise. Au programme, des visites de lieux historiques - du moins je présume (n'oublions pas, il faut rentabiliser le temps de manière constructive) -,  et puis grosso modo, les marchés de Noël, en buvant du vin chaud ou de la bière dans des tavernes surpeuplées. Avec des saucisses. Et puis du Jagermeister et des Mozartkugeln. Il le faut !

Après cette escale en Allemagne, je reviens donc en France passer les fêtes en votre compagnie.

D'ici là, peu de gros voyages prévus, mais quelques excursions d'une, deux ou trois journées à Oxford, Londres (oui, encore), Bath, Bristol (oui, encore), Cornouailles je l'espère (ENCORE, OUI !), puis à Lake District. Si. Il le faudra bien.

... et je tiens à m'excuser pour ces photos merdissimales de chacune de ses villes, car vous savez que je sais que vous savez à quoi ressemble Londres ou même à peu près à quoi ressemblent les Cornouailles, mais j'ai eu envie de perdre mon temps, et donc ainsi prendre le risque de vous faire perdre le vôtre.


Bref.

Voilà les voyages à venir.

Jeudi, aux alentours de 19h, imaginez-moi en tee shirt à rayures bleues et blanches, avec un béret noir, un foulard rouge, me tenant devant un panneau de deux mètres sur deux mètres indiquant que je suis française, membre de l'équipe des professeurs - énorme photo de ma face à l'appui -, et par conséquent ravie de répondre aux questions des parents concernant leurs bien-aimés chérubins (mais oui bien sûr) ainsi que leur éducation. Une pensée émue serait appréciée, merci.

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C'est toujours plus vert ailleurs.
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